Archives mensuelles : juillet 2015

Considérations matérielles

Le sujet est pour le moins sensible. Aborder la question matérielle invite bien souvent à évoquer celle des promesses électorales d’équipement non tenues, des inégalités gigantesques entre établissements, voire entre équipes au sein d’un même établissement, mais aussi de la maintenance qui fait bien souvent défaut et qui conduit de nombreux collègues à abandonner progressivement les salles informatiques.

Ce sentiment de frustration est d’ailleurs entretenu par les médias, y compris spécialisés dans le domaine de l’éducation, qui n’ont de cesse de vanter les dernières technologiques innovantes et les applications à la mode. Or, les problématiques rencontrées sur le terrain sont très éloignées de ces expériences qui relèvent souvent davantage de la vitrine technologique que de l’exercice pédagogique. Il suffit d’ailleurs pour s’en convaincre d’observer attentivement les bannières publicitaires ou placements de produits dans les articles et reportages sur ces pratiques innovantes pour se rendre compte qu’il s’agit souvent d’une discrète opération de communication commerciale en réponse à un équipement assurée par une entreprise.

Des difficultés latentes sur le terrain

Concrètement, la majorité des collègues est confrontée à différentes limites et difficultés latentes qui ont été particulièrement bien résumées par Jean-Loup BOURRISSOUX dans cet article de Maryline Baumard sur le blog Education du journal Le Monde :

  • L’acquisition d’un matériel inadapté, voire incompatible, à l’enseignement par des collectivités territoriales qui réalisent un investissement d’affichage politique à destination des parents-électeurs, mais qui ne prennent pas toujours le temps de consulter les équipes éducatives.
  • L’équipement presque exclusif des salles de classe, mais très rarement des enseignants qui sont pourtant censés être les premiers à utiliser ce matériel pour préparer leurs cours avant de former leurs élèves à les utiliser. Une fois plongé dans le système, on oublie en effet un peu trop souvent que l’Education nationale est l’un des rares milieux professionnels où l’intendance éclate en fou rire (quand elle nous vous accuse pas de vol) lorsque vous venez demander un stylo et des feuilles pour travailler… alors vous imaginez bien un PC ou une tablette !
  • La formation initiale et continue des enseignants dans ce domaine est encore bien faible. Un module de formation devrait accompagner systématiquement l’installation de nouveau matériel dans un établissement, au risque de le voir prendre la poussière pendant des mois comme cela est hélas trop souvent le cas.

Une fois dépassées ces difficultés initiales (c’est-à-dire quand l’enseignant s’est acheté son propre matériel, qu’il s’est auto-formé et adapté à l’équipement en place dans son établissement), d’autres obstacles devront être surmontés :

  • Si l’investissement en équipement est généralement pris en charge au niveau académique et/ou des collectivités territoriales, l’installation et l’entretien est ensuite géré au niveau des établissements. Cela conduit souvent à un manque de cohérence qui donne lieu à des situations cocasses. J’ai ainsi eu l’occasion de croiser récemment une flotte de tablettes (environ 5000 euros d’investissement) restées dans leurs emballages parce que l’établissement n’avait pas compris qu’il fallait aussi commander un routeur wifi pour les faire fonctionner… De même, j’ai aussi vu un TBI installé depuis plusieurs années dans une salle sans stylet ni logiciel parce que l’ensemble de l’équipe semblait penser qu’il s’agissait d’un simple support de projection…
  • Si la plupart des « plans numériques » mettent en avant l’investissement en matériel (calculé en nombre d’ordinateurs ou de tablettes), rares sont ceux à évoquer la question pourtant cruciale des connexions à Internet. N’importe quel enseignant pourra témoigner de son désespoir face à une activité préparée pendant des heures et qui fonctionnait parfaitement chez lui… mais qui finalement n’a jamais fonctionné dans la salle informatique de l’établissement car la lecture par 25 ordinateurs en même temps d’une petite vidéo n’est pas supportée par le réseau !  Si ce genre de mésaventure peut prêter à sourire, elle explique en fait l’abandon total de l’outil informatique par nombre de collègues. L’actuel gouvernement semble cependant avoir pris la mesure de ce problème en proposant un « plan très haut débit » attendu avec impatience.
  • Cette nécessité devient d’ailleurs de plus en plus pressante non seulement pour accompagner le déploiement des tablettes, mais aussi pour suivre l’évolution des pratiques et des ressources numériques qui proposent de moins en moins de logiciels et de plus en plus d’applications en ligne. Or, là aussi, il y a une nécessité d’adaptation et de réflexion de l’Education nationale face à la multiplication des éditeurs privés qui proposent des applications ludiques, innovantes, adaptées aux attentes des élèves et des enseignants… mais qui sont très souvent payantes et par conséquent inaccessibles pour la plupart des établissements qui n’ont pas les moyens de s’y abonner. Ne serait-il pas possible d’envisager une politique de coopération de l’Education nationale avec ces entreprises afin de les aider financièrement à se développer en échange d’un accès gratuit pour les élèves et enseignants ?

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BYOD : solution pédagogique ou gestion de la pénurie ?

Dans l’attente de solutions de la part de l’institution, les équipes éducatives font souvent preuve d’une imagination créative époustouflante afin de contourner ces difficultés. Cependant, depuis la rentrée 2014, j’ai été particulièrement agacé par le développement d’une nouvelle tendance présentée par certains comme la prochaine étape incontournable du développement numérique en milieu scolaire : le BYOD (Bring Your Own Device), c’est-à-dire la possibilité pour les élèves d’apporter en classe leur matériel personnel).

Si je n’ai personnellement pas attendu l’apparition de l’acronyme pour autoriser mes élèves à utiliser leur matériel en salle de classe, je reste pour le moment très sceptique sur la théorisation et la généralisation de cette pratique.

En effet, comme le révèle l’acronyme, le BYOD s’est d’abord diffusé dans les entreprises, puis dans les écoles anglo-saxonnes. L’idée initiale s’inscrit en fait dans l’évolution des pratiques professionnelles développée par les grands groupes américains qui visent à atténuer la distinction entre le temps de travail et le temps personnel. Elle s’est ensuite diffusée au sein du système éducatif avec une ambition éminemment pédagogique : permettre aux élèves de poursuivre leur progression et leur réflexion à leur rythme, y compris en dehors de la salle de classe. Or, une telle pratique n’est possible à l’école qu’à deux conditions :

  1. Que l’établissement scolaire soit doté d’une couverture Wifi permettant aux élèves de se connecter au réseau de l’établissement avec son matériel personnel,
  2. Que l’établissement soit équipé d’une flotte de matériel à destination des élèves qui ne peuvent pas apporter le leur, qui l’auraient ponctuellement oublié, ou qui font face à une panne.

Dans ce contexte, le BYOD est  tout à fait légitime et intéressant. Cependant, sa diffusion au fil des années et des pays perd progressivement cette idée initiale pour parfois aboutir à une simple gestion de la pénurie matérielle par extériorisation de l’équipement aux frais des familles.

Il suffit pour s’en convaincre de lire les nombreux articles relatant des pratiques de BYOD en France qui se résument souvent à donner des conseils pratiques aux collègues pour l’intégration du matériel personnel des élèves sans forcément en interroger les présupposés. Par ailleurs, il convient de mesurer le différentiel gigantesque qu’il existe entre les écoles américaines et les écoles françaises dans le déploiement du wifi. Encore une fois, à la lecture des témoignages des collègues qui pratiquent le BYOD, on s’aperçoit qu’il est généralement demandé aux élèves d’apporter non seulement leur matériel personnel, mais également d’utiliser leur forfait personnel !

A moins d’exercer dans un contexte particulièrement privilégié où l’ensemble des parents dispose des moyens d’équiper leurs enfants, ce genre de pratique est évidemment en totale contradiction avec les présupposés d’une pédagogie participative et sociale.

Quel matériel pour la PEPS ?

La question du matériel est souvent évoquée par les collègues lorsque je suis invité à présenter les principes de la PEPS. Le blog Historicophiles, les capsules vidéos, l’utilisation des réseaux sociaux… donnent parfois l’impression que sa mise en oeuvre serait réservée à des profs et élèves geek. Et pourtant, il n’en est rien !

Bien qu’il puisse facilement devenir un facteur de différenciation, l’utilisation du numérique dans le cadre de la PEPS vise au contraire à essayer de résoudre le problème des inégalités scolaires. Tous les outils testés et utilisés dans le cadre de la PEPS répondent à deux exigences initiales : gratuité et simplicité.

Ensuite, le niveau d’application de ces outils s’adapte en fonction des compétences, envies et équipements du prof et de ses élèves. Exerçant dans un établissement rural, tous mes élèves ne sont pas équipés d’un smartphone, la 4G n’est pas encore déployée et nous rencontrons des gros problèmes de débit sur les PC à certaines périodes. Et pourtant, cela fonctionne car je n’oblige pas les élèves à utiliser tous les outils, mais je les invite à choisir ceux qui correspondent le mieux à leur équipement et à leurs pratiques quotidiennes :

  • Niveau 1 : Si l’élève n’a pas de smartphone, ni de PC à la maison et qu’il n’utilise pas les réseaux sociaux, il a la possibilité d’aller régulièrement en étude ou au CDI pour réaliser les activités préparatoires qui sont disponibles au minimum une semaine à l’avance (bien que j’essaie généralement de les rendre disponibles de vacances à vacances, c’est-à-dire au moins 7 semaines à l’avance).
  • Niveau 2 : Si l’élève possède un ordinateur personnel connecté à Internet, un smartphone, mais refuse d’utiliser les réseaux sociaux à des fins scolaires, il est alors plus libre d’organiser son emploi du temps de travail et n’est pas contraint par les heures d’ouverture du CDI. Il a également la possibilité de se rendre régulièrement sur le blog, voire de s’abonner pour recevoir un mail à chaque actualisation, et peut utiliser Liberscol ou une adresse mail professionnelle pour me poser d’éventuelles questions. Néanmoins, je reste ferme quant à l’organisation des activités préparatoires à la maison. Puisqu’elles sont disponibles au moins une semaine à l’avance, aucune excuse n’est acceptée si, par hasard, l’ordinateur ou la connexion venaient à tomber en panne la veille de la date butoir… (lire à ce sujet l’article consacré au travail à la maison)
  • Niveau 3 : Si l’élève possède un ordinateur personnel connecté à Internet, un smartphone et accepte d’utiliser ponctuellement les réseaux sociaux à des fins scolaires (95% des élèves), une multitude de possibilités s’offrent à lui :
    • recevoir des notifications régulières l’informant des travaux à rendre, des mises à jour du blog, des absences du professeur, mais aussi recevoir régulièrement des informations complémentaires au cours qui sont publiées sur les réseaux sociaux.
    • Il peut utiliser les fils d’information Twitter ou Facebook pour poser des questions à l’ensemble de la communauté Historicophiles en ligne.
    • Il peut également utiliser la messagerie privée de Twitter ou Facebook, en plus de Liberscol et de mon mail professionnel, pour me poser une question (lire à ce sujet l’article consacré aux systèmes de communication périscolaires).

Les conditions matérielles qui sont actuellement les miennes en établissement ne me permettent pas encore de pousser la mise en oeuvre de la PEPS à un autre niveau qui pourrait cependant prendre cette forme :

  • Niveau 4 : Ma salle de classe est équipée d’une flotte de tablettes et d’une connexion Wifi (activée uniquement en cas de besoin pour limiter les ondes), ce qui me permet :
    • D’offrir la possibilité à mes élèves de venir avec leur matériel personnel et ainsi d’éviter la rupture technologique qu’il existe parfois entre leur domicile et l’établissement. Bref, d’utiliser le BYOD en respectant ses idéaux pédagogiques d’origine.
    • De mettre régulièrement à disposition des autres élèves des tablettes afin de ne pas extérioriser systématiquement les activités préparatoires en dehors de la classe,
    • De multiplier les occasions de validation des connaissances à l’issue de chaque séance (avec des outils de type Google Forms, EvalQCM, Socrative…) afin de pouvoir adapter le contenu du prochain cours en fonction de l’avancement des élèves,
    • D’aller encore plus loin dans la différenciation pédagogique en proposant plus facilement des activités en ligne permettant à chaque élève d’avancer à son rythme dans des tâches complexes décomposées en plusieurs modules (avec des outils tels que Canvas)
    • D’aller encore plus loin dans la solidarité et le travail d’équipe en classe en proposant des activités d’écriture collaborative (avec des outils tels que Google Doc, framapad…) qui encouragent la correction par les pairs et la coopération créative (indispensable notamment pour le travail sur les transitions).

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Peut-être l’année prochaine… 

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Communiquer pour mieux impliquer élèves et parents

Comme beaucoup d’enseignants, je me suis emparé depuis quelques années des réseaux sociaux pour communiquer avec mes élèves. Depuis trois ans maintenant, une page facebook Historicophiles me permet de relayer les nouveaux articles du blog, mais aussi différentes ressources (articles, vidéos, actualités internes à l’établissement…) que je souhaite porter à la connaissance de mes élèves et qui peuvent leur être utiles pour approfondir le cours, leur culture générale, ou pour organiser leur scolarité au quotidien.

A chaque rentrée, la liste des abonnés s’allonge car de nouveaux élèves entrent dans ma salle de classe et rejoignent la communauté virtuelle qui n’est certes pas obligatoire mais qui permet néanmoins d’obtenir des informations complémentaires, utiles et différentes. A l’inverse, les anciens ne quittent pas forcément le groupe et continuent à suivre l’actualité du cours d’histoire même après le lycée.

Or, depuis la rentrée 2014, j’ai constaté une évolution dans l’utilisation de cet outil :

  1. Les élèves de Seconde se sont moins inscrits que les années précédentes,
  2. A l’inverse, d’autres membres tels que des collègues, des parents ou des partenaires locaux nous ont rejoint.

Au moment de faire le bilan annuel, je me suis aperçu que mes élèves n’évoquent presque jamais ce prolongement virtuel du cours, même lorsqu’ils l’utilisent. Par ailleurs, je suis quasiment le seul à alimenter le fil d’information. Lorsqu’un élève a une idée de publication à partager, il me l’envoie généralement par message privé et me place ainsi automatiquement en situation d’auteur quand le rôle des élèves se limiterait à celui de consommateur agissant ponctuellement par l’intermédiaire d’un « like« , voire d’un commentaire.

Faut-il dès lors envisager une fermeture du groupe ? Faut-il changer d’outil ? De méthode ? Telles sont les questions que je me suis posées tout au long de cette année en espérant trouver des réponses dans une bibliographie quasiment inexistante. Nombreux sont les enseignants à utiliser Facebook et Twitter en prolongement de leur classe et pourtant, personne ne semble l’avoir réfléchi en termes pédagogiques ou bien n’ose y réfléchir publiquement. Il faut dire que le regard des collègues et de l’institution est parfois sévère : confusion entre espace professionnel et espace privé, utilisation d’un outil commercial dans le cadre d’une mission de service public, dilution du temps de travail des enseignants… Telles sont les réticences parfois justifiées qu’il convient d’étudier.

Pour ma part, dans le cadre de la pédagogie participative et sociale (PEPS), ma principale question consiste à me demander si la mise en oeuvre d’un système de communication périscolaire peut constituer un outil de lutte contre le décrochage et de meilleure implication des élèves et des parents dans une perspective de réussite collective.

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Quels sont les enjeux et objectifs d’un système de communication périscolaire ?

Avant toute chose, il convient de fixer avec précision les objectifs pédagogiques d’un tel dispositif afin de choisir les meilleurs outils disponibles et fixer leurs paramètres d’utilisation. Cette réflexion préalable est indispensable afin de ne pas sombrer progressivement dans l’émerveillement technologique au détriment des objectifs pédagogiques.

Diffuser de l’information complémentaire au cours

D’un côté, les enseignants se plaignent régulièrement du manque de culture générale de leurs élèves ; De l’autre, les élèves reprochent souvent aux enseignants de diffuser un savoir trop déconnecté de la réalité et de l’actualité.

Les deux parties n’ont pas forcément tort. La culture générale est l’un des principaux marqueurs des inégalités sociales face à la réussite scolaire. Certains ont la chance de naître dans une famille où l’on accompagne le développement culturel de l’enfant en lui proposant des lectures, des films et des sorties culturelles qui se nourrissent mutuellement et contribuent à forger un socle culturel qui finit par s’auto-alimenter. A l’inverse, d’autres devront se contenter du « socle commun de connaissances et de compétences » proposé par l’Education nationale qui n’a que très tardivement et difficilement intégré la notion de « culture ».

Mais il est aussi vrai que l’intégration de références culturelles récurrentes et diversifiées dans le cours est un exercice encore trop rare, soit par manque de temps au regard de la lourdeur des programmes, soit par manque de réflexe et par crainte de diluer le message initial.

Nous sommes donc actuellement dans une situation de frustration culturelle mutuelle alors que l’attente semble être partagée tant du côté des enseignants que des élèves.

L’une des solutions mises en place cette année dans ma classe a été de proposer des séances d’AP (accompagnement personnalisé) consacrées à l’actualité. Ponctuellement, mes élèves pouvaient ainsi m’envoyer des articles qui les avaient interrogés afin que je puisse ensuite en classe en proposer une lecture systématiquement reliée au programme d’histoire, de géographie ou d’éducation civique, juridique et sociale (ex-EMC).

Ces séances ayant été plébiscitées par mes élèves, il m’est apparu utile de les systématiser via les réseaux sociaux afin de les intéresser à l’actualité, tout en leur montrant que les enseignements qu’ils reçoivent en classe leur fournissent des clefs de compréhension du monde qui les entoure. Ainsi, non seulement je contribue à leur formation citoyenne, mais je tente aussi de renforcer leur intérêt pour le cours.

Raccrocher les « orphelins de 16h »

Je n’aime pas du tout cette expression qui a été instrumentalisée dans des débats politiciens, mais il faut reconnaître qu’elle est efficace pour illustrer l’inégalité qui se creuse entre nos élèves une fois qu’ils ont passé le portail de l’école. Certains sont accueillis par leurs parents qui les accompagnent dans la gestion du temps extrascolaire, quand d’autres sont pris en charge par des sociétés privées de soutien ou bien abandonnés dans une autonomie plus ou moins bien vécue.

L’école ne peut certes pas remédier seule à cette fabrique sociétale des inégalités, mais elle peut néanmoins se donner les moyens d’en limiter les effets. A ma modeste échelle, je ne parviens pas à accepter l’idée qu’un élève qui a envie de réussir puisse en être empêché et se décourager car ses parents n’ont pas les moyens culturels, matériels et/ou financiers de le soutenir.

Par conséquent, non seulement il me semble important de mener une réflexion sur la nature et l’organisation du travail à la maison (voir l’article sur ce thème sur le site de la PEPS), mais il convient également de mettre à disposition de l’élève des outils lui permettant de solliciter une aide.

Encourager la solidarité et l’engagement des élèves

Le professeur n’étant pas forcément disponible 24h/24, il est important que les élèves comprennent que ces outils n’ont pas pour ambition de leur apporter une réponse systématique et immédiate de la part de l’enseignant.

En revanche, c’est l’ensemble de la communauté virtuelle qui peut se mobiliser pour tenter de trouver une solution, sous le regard bienveillant de l’enseignant qui pourra ensuite valider, infirmer ou préciser les propositions des autres élèves.

Valoriser les élèves

Il est dès lors important à mon sens de valoriser cet engagement et cette entraide entre les élèves non pas seulement pour encourager le fonctionnement de la communauté, mais aussi parce que le principe de coopération est clairement inscrit dans le socle commun de l’école et qu’il s’agit donc d’une compétence que les enseignants doivent encourager.

Mes élèves peuvent donc obtenir des points supplémentaires par cet intermédiaire et ainsi le professeur valorise l’engagement personnel tout en renforçant la cohérence collective des classes.

Par ailleurs, ces outils de communication peuvent aussi être utilisés pour diffuser des productions d’élèves particulièrement remarquables et ainsi valoriser publiquement leur investissement autrement que par une note chiffrée.

Favoriser une autres forme de communication avec les élèves

Cette dimension de la communication à distance est d’ailleurs l’un des aspects que je n’avais pas du tout anticipé au début de l’utilisation des réseaux sociaux avec mes élèves. Très rapidement, j’ai reçu des messages de la part de mes élèves qui n’auraient probablement jamais existé autrement. Souvent, il s’agit d’une réaction « à chaud » après un cours ou bien d’une question périphérique du sujet que nous venons d’aborder en classe.

Par timidité ou parce que le déroulement du cours ne permet pas toujours de poser une question, certains élèves préfèrent envoyer un message quelques minutes ou quelques heures plus tard. Une discussion plus personnelle se met alors en place et donne souvent l’occasion au professeur de féliciter l’élève pour cet intérêt et l’encourager à poursuivre dans ce sens, ce qui n’aurait pas toujours été possible dans un autre contexte.

Impliquer les parents

Une telle communication est cependant encore plus difficile avec les parents qui, passé l’école primaire, perdent l’habitude de venir discuter régulièrement avec les enseignants plus nombreux et moins accessibles.

A mon sens, cette situation conduit à de très nombreuses incompréhensions qui dégénèrent parfois en conflits ouverts. C’est pourquoi je suis persuadé que nos salles de classe devraient être plus ouvertes aux parents (et à d’éventuels autres intervenants) afin de renforcer la place de l’école dans notre société. A défaut, il nous faut au moins réfléchir à de meilleurs moyens de communication en intégrant les parents aux dispositifs mis en place avec les élèves.

Contribuer à l’éducation aux médias

Enfin, les événements tragiques du mois de janvier 2015 nous ont montré que l’une des sources principales d’information des jeunes passe par les réseaux sociaux, avec toutes les limites que cela entraîne en termes de diversité et de confrontation de l’information puisque les algorithmes de ces outils sont souvent paramétrés pour donner à lire ce qui conforte l’utilisateurs et ainsi l’inviter à rester connecté le plus longtemps possible.

Prolonger le cours avec des moyens de communication modernes, c’est aussi contribuer à enrayer un peu cette machine en proposant à nos élèves des éléments permettant d’exercer leur esprit critique sur les sources d’information et les outils qu’ils utilisent au quotidien.

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Quels sont les outils à notre disposition ?

Une fois définis nos objectifs pédagogiques, il convient de faire le bilan des outils disponibles pour les atteindre et s’interroger sur leurs potentialités et contraintes.

L’espace numérique de travail (ENT)

Chaque établissement secondaire est désormais censé utiliser un espace numérique de travail qui rassemble la messagerie interne de la communauté éducative, l’emploi du temps des élèves et des professeurs, le cahier de texte des classes, des espaces de stockage en ligne, etc…

A priori, l’outil semble donc parfait pour répondre aux principaux objectifs fixés ci-dessus. Sauf que dans l’Education nationale, rien n’est jamais simple !  Si l’utilisation d’un ENT est désormais obligatoire, le choix de l’outil a été laissé à la liberté de l’autorité qui finance, à savoir les collectivités territoriales. Dès lors, d’une académie à une autre, et parfois même d’un département à un autre, voire des collèges aux lycées d’un même bassin, l’ENT n’est pas le même. A une échelle encore plus fine, chaque établissement n’a pas forcément demandé à activer les mêmes options et donc chaque administration, voire chaque enseignant, utilise un peu l’outil comme il le souhaite. Par exemple, pour envoyer un document à une classe, certains collègues vont l’ajouter dans l’emploi du temps, d’autres dans le cahier de texte, d’autres encore dans un espace de stockage collectif et enfin certains préfèrent envoyer une note d’information avec le document en pièce-jointe… Pour les élèves comme pour leurs parents, cela devient rapidement ingérable et les taux de connexion tendent à montrer que la plupart d’entre eux ne l’utilisent presque jamais.

De plus, confortées par des contrats pluriannuels avec les collectivités territoriales, les sociétés qui développent ces outils se montrent particulièrement frileuses quant aux innovations pédagogiques. Sous prétexte d’accessibilité et de simplicité d’usage, les options proposées s’avèrent souvent décevantes au regard des autres applications disponibles gratuitement sur Internet.

En bon fonctionnaire discipliné, j’applique bien entendu les instructions qui m’obligent à faire l’appel, remplir mon cahier de texte et répondre aux messages de mon administration via cet outil. Pour le reste, je me suis tourné depuis bien longtemps vers d’autres outils plus performants et réactifs.

Le blog ou site d’enseignement et l’agenda partagé

Cliquez sur l'image pour accéder à Historicophiles

Indispensable pour mettre en ligne et organiser les ressources à disposition de mes élèves (voir l’article consacré à ce sujet sur le site de la PEPS), il me permet également de mieux communiquer avec mes élèves et leurs parents :

  • D’abord parce que les élèves et leurs parents peuvent s’abonner à ce site afin de recevoir un courriel à chaque fois qu’un nouvel article est publié.
  • Ensuite, parce que j’ai intégré à ce site les agendas de chacune de mes classes qui permet à mes élèves et à leurs parents de consulter l’actualité de leur classe sans avoir besoin de se connecter à une plateforme en utilisant des identifiants qu’ils ont la plupart du temps perdus. S’ils téléchargent l’application Google Calendar, ils ont d’ailleurs la possibilité de recevoir une notification et/ou un mail afin d’être informés des événements indiqués dans l’emploi du temps.

Outil utilisé pour le blog : WordPress. Il en existe cependant d’autres tels que LeWebPédagogique, Edublogs, Overblog, Weebly… L’idée étant de choisir celui qui vous convient le mieux en fonction de vos attentes et de vos compétences techniques. 

Outil utilisé pour la gestion de l’agenda : Google Calendar. Il me permet de gérer avec un seul outil (sur PC et sur smartphone) mon agenda personnel, mais également les agendas de chacune de mes classes qui peuvent être visualisés collectivement ou individuellement. Par exemple, dans le sommaire général de mon blog, il est possible de consulter l’agenda général de toutes mes classes ; mais chaque élève peut ensuite consulter son propre agenda en allant sur sa classe (par exemple en Seconde). 

Les réseaux sociaux

Des études nombreuses et régulières montrent l’importance des réseaux sociaux chez les adolescents. Facebook, Twitter, Instagram font désormais partie de leur quotidien et, selon l’institut Ipsos, continuent à progresser en temps de connexion. Les marques l’ont bien compris et les sociétés de soutien scolaire commencent aussi à en prendre conscience en proposant de plus en plus d’applications en ligne connectées aux réseaux sociaux.

On peut (et on doit) s’interroger sur l’intérêt pour l’école d’entrer dans ce territoire un peu flou où les questions d’identité, de propriété intellectuelle et de vie privée ne sont pas encore totalement définies. Je me pose sans cesse ces questions et j’invite mes élèves à se les poser. Cependant, au-delà de ces problématiques qui invitent à bricoler sans cesse, j’en arrive toujours à la même conclusion :

  1. Tout le temps que les élèves passent désormais sur ces réseaux est potentiellement du temps en moins passé sur leurs cours, non pas par principe ou rejet de l’école, mais parce qu’ils vivent dans une société qui les invite à utiliser ces outils tant dans le domaine personnel que professionnel.
  2. En tant qu’enseignant, je préfère être à côté de mes élèves dans cet espace pour les accompagner plutôt que de les laisser entre les mains d’autres acteurs animés par des ambitions commerciales et/ou idéologiques.

Des dizaines d’autres solutions disponibles

Les éléments listés ci-dessus sont ceux que j’utilise au quotidien car ils répondent à mes objectifs et à mon utilisation personnelle des nouvelles technologies. D’autres possibilités existent mais il est plutôt déconseillé de les multiplier au risque de se laisser submerger.

Néanmoins, un autre outil pourrait s’avérer indispensable aux collègues qui ne souhaitent pas utiliser les réseaux sociaux. L’application gratuite Remind vous permet en effet d’envoyer des notifications à vos élèves et à leurs parents classe par classe. Il vous suffit pour cela de créer des groupes dans l’application et de diffuser le code de connexion de chaque classe à vos élèves et à leurs parents. Ceux-ci peuvent alors installer l’application sur leur smartphone et se connecter via ce code de connexion. Ils recevront dès lors une notification à chaque fois que vous leur adressé un message et auront même la possibilité d’y répondre.

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Et concrètement, comment fonctionne un système de communication périscolaire ?

Le blog Historicophiles est désormais doté de trois réseaux sociaux (une page Facebook, un compte Twitter et un compte Instagram) auxquels les élèves et les parents ont la possibilité de s’abonner :

Capture

A partir de la rentrée prochaine, mes élèves et leurs parents recevront ces deux documents (qui seront également affichés dans ma salle de classe et disponibles lors des rencontres parents/professeurs) les informant des nouveaux possibilités de communication entre élèves, parents et professeur :

T'as un pb

Coin des parents 2

L’animation de ces réseaux sociaux est prise en charge par l’enseignant qui propose d’ailleurs des rendez-vous hebdomadaires intitulés :

  • « Réviser avec l’actualité » permettant de lier les chapitres étudiés en classe avec l’actualité du moment, tout en proposant des pistes de révisions des principales connaissances et notions.
  • « Réviser devant sa télé » permettant de conseiller régulièrement aux élèves de regarder un film, une émission ou une série qui leur permet d’approfondir un chapitre étudié en classe, voire d’organiser un live-tweet pour commenter en direct l’émission.
  • « L’énigme du samedi » proposant aux élèves de partir à la recherche d’informations sur leurs programmes à partir d’un document inconnu.

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Et vous, comment est-ce que vous communiquez avec vos élèves ?

Créer rapidement et facilement vos vidéos avec POWTOON

Avant de commencer, il convient de rappeler que les vidéos comme support de cours sont certes considérées comme attrayantes, mais ce sont aussi les ressources les plus exigeantes en temps de travail et en compétences. Il convient donc de garder à l’esprit que vous ne pourrez pas produire vous-mêmes des vidéos pour chaque chapitre, sous peine de vous essouffler rapidement.

Avant de vous lancer dans l’auto-production de vidéos, prenez donc le temps de vérifier :

  1. que d’autres ressources existantes ne seraient pas plus appropriées (manuel, schéma, Power Point, Prezi, etc.),

  2. que d’autres collègues ou éditeurs de ressources n’ont pas déjà réalisé la vidéo dont vous auriez besoin.

Si vous n’avez pas trouvé votre bonheur après ces vérifications préalables, c’est qu’il va falloir vous en charger.

Il existe différents types de vidéos pour lesquels vous trouverez différents tutoriels dans la catégorie « Créer des capsules vidéos » de ce blog.

Cet article vise à fournir quelques conseils pratiques et une méthodologie pour gagner du temps si vous souhaitez créer une vidéo avec l’outil de création animée Powtoon.

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Tout d’abord, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore l’outil Powtoon, voici deux exemples de production.

Le premier est réalisé par l’un de mes talentueux collègues de l’Académie de Dijon. Il utilise l’un des nombreux modèles mis à disposition par le site pour construire son cours en quelques minutes. Il suffit pour cela d’ajouter simplement le texte dans les bulles et le son qui accompagne la vidéo finale.

Le second est l’une de mes productions qui commence un peu à dater. Il n’existait alors pas encore de modèles et l’ensemble de la production a été créée à partir d’une feuille blanche.

A mon sens, l’idéal se situe a peu près entre ces deux productions.

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L’utilisation de cet outil est assez simple. Il suffit de glisser-déposer les éléments sur votre page. Pour ceux qui en auraient besoin, voici néanmoins un tutoriel complémentaire à celui proposé quoiqu’il arrive par Powtoon lorsque vous commencez à utiliser l’outil :

Une vidéo efficace dans le cadre d’une pédagogie inversée doit répondre à différents critères :

  1. Ne pas être trop longue (5 min maximum),

  2. Avoir un objectif précis et limité (expliquer une notion, une séance… mais ne pas essayer de résumer l’ensemble d’une séquence).

  3. Développer une signature visuelle (choix des couleurs, générique, etc.).

  4. Être dynamique ! (Beaucoup trop de vidéos se contentent de reproduire un cours en reprenant les méthodes pédagogiques traditionnelles (voix calme, répétitions, un plan qui se déroule…qui risque de très vite lasser vos élèves devant leur écran. La vidéo répond à un autre modèle de communication qu’il convient d’interroger à partir des productions virales que consomment les adolescents).

Afin de faciliter votre travail de production, voici un exemple d’outil que vous pouvez utilisez et adapter selon vos objectifs :

Plan

Texte pour le commentaire oral

(Il est très important de commencer par cela. C’est ce texte qui va ensuite donner le tempo et la chronologie de votre vidéo)

Texte écrit à l’écran

(Il doit être limité au plan et aux principaux mots-clefs)

Image / documents

(en vous posant systématiquement la question des droits d’auteur)

Animation

(n’oubliez pas que votre vidéo doit être dynamique et attrayante)

Son

(aussi bien de la musique que des bruitages, en se posant la question des droits d’auteur)

Chrono

(Optionnel – Pour certains sujets, il peut être intéressant de voir une frise chronologique se remplir progressivement en bas de l’écran)

Ce tableau est librement téléchargeable à tous ceux qui souhaitent l’utiliser en cliquant sur ce lien.

Et vous, d’autres astuces pour créer vos capsules vidéos ?

Séminaire des écoles d’entreprise de la Mission Laïque française – 7 juillet 2015

L’atelier est construit sur le même principe que celui proposé lors du congrès de la Mlf en mai 2015.

L’accent sera néanmoins porté davantage sur les outils à destination des collègues afin de mettre en oeuvre rapidement et facilement les principes d’une pédagogie participative et sociale.

Cliquez ici pour accéder au programme.

Mission laïque française