Archives mensuelles : avril 2020

Conseils et astuces pour intégrer les bénéfices du storytelling en situation d’enseignement

Il n’y a rien de plus puissant au monde qu’une bonne histoire : c’est par cette mise en abîme que se termine la série Game of Thrones. En faisant prononcer cette phrase par l’un des personnages principaux, les auteurs de la série proposent non seulement un dénouement à l’intrigue politique autour du trône de fer, mais également une réflexion sur le succès qui a tenu en haleine des millions de fans pendant huit saisons.

Ces techniques de mise en récit sont aujourd’hui bien connues des scénaristes dont l’objectif est de maintenir les spectateurs le plus longtemps possible devant leurs écrans, des conseillers en communication qui essaient d’orienter le vote des électeurs pour tel candidat, mais aussi des publicitaires qui tentent d’influencer les consommateurs. A tel point qu’aujourd’hui, le storytelling est devenu un terme plutôt péjoratif en France, généralement désigné comme un outil de propagande au service d’une doctrine néolibérale et dont l’utilisateur est soupçonné de vouloir contrôler les esprits.

En tant qu’enseignants, on peut néanmoins se demander pourquoi un outil aussi puissant que le storytelling ne pourrait-il pas être mis au service de l’éducation afin de créer des situations d’apprentissage et des ressources éducatives susceptibles d’améliorer la concentration, la motivation et la mémorisation des élèves ? Soyons clair : les professeurs sont des professionnels de l’enseignement. Ils connaissent mieux que personne leur programmes, leurs publics et les méthodes les plus efficaces pour permettre à leurs élèves d’apprendre. Cependant, une réflexion sur la forme du message à transmettre pourrait leur permettre de gagner en efficacité et de proposer des supports adaptés.

Par ailleurs, si l’utilisation du storytelling est aussi importante dans le domaine des médias, de la communication et de la politique, l’une des missions de l’école ne devrait-elle pas être de s’emparer d’un tel sujet afin de contribuer à l’éducation du citoyen éclairé et doté d’outils de défense intellectuelle contre d’éventuelles tentatives de manipulation ?

Les articles listés ci-dessous ont pour ambition de vous donner quelques trucs et astuces permettant d’intégrer facilement les principes du storytelling dans vos situations d’apprentissage et ressources éducatives. Il ne s’agit en aucun cas de formules magiques et infaillibles, mais d’éléments qui ont fait leurs preuves dans différents secteurs et pour lesquels je vous propose des transpositions dans le domaine de l’éducation :

  1. L’intention du commandant
  2. « La Terre est bleue comme une orange »
  3. L’effet de surprise ou les vertus pédagogiques de l’inattendu

 

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L’intention du commandant

Ce concept a été développé par l’armée américaine dans les années 1980 pour répondre à l’un des défis rencontrés par tous les États-majors du monde : aucun plan ne résiste au contact avec l’ennemi. 

Dans le domaine de l’éducation, cette maxime peut être reformulée de la sorte : aucun plan de cours ne résiste au contact avec les élèves. 

Il ne s’agit évidemment pas de considérer les élèves comme des ennemis animés d’une féroce volonté de faire échouer votre enseignement, mais plutôt de considérer qu’aucune préparation théorique de fonctionne jamais comme on l’avait imaginée en pratique

Afin d’éviter cet écueil, l’une des meilleures solutions consiste à : 

  • identifier le cœur de l’idée que vous souhaitez transmettre à vos élèves avant de construire votre situation d’apprentissage ; 
  • rappeler systématiquement cet objectif au-dessus de tous les documents de travail que vous pourrez produire au cours de votre préparation. 

Cela peut sembler évident et pourtant cette règle simple est régulièrement bafouée dans les fiches-séquences et fiches-séances qui circulent sur certains sites académiques. Au fil de la préparation du cours, un professeur est régulièrement tenté d’intégrer tel document qu’il trouve particulièrement intéressant ou bien de développer tel aspect de la question qui devrait intéresser les élèves. Or, ce faisant, il s’éloigne de “l’intention du commandant” et risque de perdre de vue son objectif initial. 

C’est pour cette raison qu’une séance de cours devrait toujours être organisée autour : 

  • d’une problématique de cours simple et précise qui trouve une réponse dans la conclusion de la séance ; 
  • d’un corpus limité à trois documents maximum
  • d’une seule compétence ciblée et identifiée dans les objectifs, y compris si d’autres compétences doivent être mobilisées durant la séance. 

« L’intention du commandant » est un concept développé par Chip HEATH et Dan HEATH dans leur ouvrage Made to Stick (2010).