A défaut de pouvoir organiser des ateliers, conférences et classes ouvertes en janvier 2021 à l’occasion de la semaine des classes inversées et pédagogies actives (CLISE), nous avons décidé cette année de proposer une micro-formation sous la forme d’une newsletter afin de favoriser le développement professionnel des enseignants et la mutualisation des ressources. L’ensemble des ressources produites à cette occasion sont disponibles en cliquant sur les documents ci-dessous :
Lundi : Un peu d’histoire
Mardi : Faut-il devenir un influenceur ou une influenceuse sur YouTube pour réussir sa classe inversée ?
Mercredi : les classes inversées sont-elles réservées aux profs un peu geeks ?
Jeudi : Les cours à la maison et les devoirs en classe ? Et si ce n’était pas si simple ?
Vendredi : Autonomes ? En difficulté ? Qui sont ces élèves qui prébiscitent les classes inversées ?
Samedi : Des classes inversées aux classes renversées : variations sur le thème des pédagogies actives
Que vous soyez plutôt littéraire ou scientifique, ce titre d’un célèbre poème de Paul Eluard est censé éveiller quelques souvenirs de votre scolarité. Quel professeur en effet n’a jamais mobilisé la métaphore fruitière pour essayer de faire comprendre le système scolaire à ses élèves ? C’est par exemple le cas de l’excellent Romain Bourdel-Chapuzot dans l’une de ses vidéos sur YouTube :
Romain Bourdel-Chapuzot, professeur de Physique-Chimie, explique les saisons à ses élèves
C’est également l’orange qui est mobilisée par les professeurs de géographie pour expliquer aux élèves les subtilités de la projection cartographique et l’impossibilité de représenter la Terre sur un planisphère :
Dans les deux cas, la stratégie repose sur la mobilisation d’une idée simple, concrète et déjà connue des élèves pour introduire un concept plus complexe. Il s’agit d’une méthode utilisée assez naturellement par de nombreux enseignants et dont les principales caractéristiques relèvent du storytelling.
Continuons la métaphore fruitière pour essayer de comprendre comment cela fonctionne et répondre à cette question : qu’est-ce qu’un pomelo ?
Dans un premier temps, vous pouvez mobiliser la fiche Wikipédia qui vous permet de comprendre qu’il s’agit du nom commun d’un agrume appelé Citrus xparidisi dont la taille est plutôt imposante (entre 8 et 15 cm) et dont l’écorce est plutôt mince et la chaire très juteuse.
Mais vous pouvez aussi expliquer tout simplement que le pomelo est un gros pamplemousse. Si cette analogie constitue un raccourci discutable d’un point de vue scientifique, elle n’en demeure pas moins très pratique d’un point de vue pédagogique car elle vous permet de mobiliser un concept déjà maîtrisé pour en introduire un nouveau.
Pas totalement convaincu ? Faisons un rapide exercice supplémentaire.
Essayez de retenir un maximum de lettres dans la liste écrite ci-dessous en quinze secondes. Lorsque vous avez terminé, prenez un feuille, un stylo et essayez de réécrire cette liste sans regarder votre écran !
VG EON UTG VSNC FC AFD SK
C’est terminé ?
Sauf capacité mémorielle exceptionnelle, la majorité d’entre vous a normalement pu écrire entre sept et dix lettres sur sa feuille.
Refaisons désormais le même exercice, avec la même suite de lettres… mais en changeant simplement la façon dont elles sont organisées.
A nouveau, prenez quinze secondes pour retenir cette suite de lettres et essayez ensuite de l’écrire sur une feuille :
VGE ONU TGV SNCF CAF DSK
Alors ? Comment expliquer que vous ayez retenu beaucoup plus facilement cette liste ?
Certes, il s’agissait de votre seconde tentative… mais aussi, et surtout, cette liste avait beaucoup plus de sens à vos yeux et dans votre esprit ! Lors de ce nouvel essai, vous n’avez pas seulement essayé de retenir une liste de dix-neuf lettres brutes, mais une liste de six mots que votre cerveau a associé à des idées déjà stockées dans votre mémoire.
Et d’ailleurs, sans vous en rendre compte, vous n’avez pas seulement appris une liste de mots mais des concepts qui, selon votre univers mental personnel, ont commencé à faire sens dans votre esprit. Ainsi, certains d’entre vous ont pensé aux services publics, d’autres à la présidence de la République, etc. Cette liste s’est donc inscrite en cohérence avec d’autres concepts qui étaient déjà ancrés dans votre mémoire.
Ancre au bord de la Loire à Cosne sur Loire, Nièvre, Bourgogne, France (source)
Le cerveau humain fonctionne en effet par associations d’idées et c’est d’ailleurs cette caractéristique principale que les ingénieurs et informaticiens essaient de reproduire pour développer des intelligences dites artificielles capables de reconnaître un chat d’un cochon d’inde. Ainsi, lorsqu’un ami vous explique qu’il est parti en vacances sur une île paradisiaque, vous imaginez immédiatement une plage de sable fin, du soleil, des cocotiers et une mer bleue turquoise car votre schéma intellectuel a été forgé par des milliers de films et de cartes postales qui ont progressivement construit cette image dans votre esprit.
Conclusion
Ce principe mobilisé par de nombreux enseignants est essentiel pour créer des ressources éducatives adaptées au développement intellectuel de l’élève afin de lui permettre d’appréhender de nouveaux concepts et d’entrer progressivement dans une réflexion toujours plus complexe.
Cette stratégie peut d’ailleurs parfois conduire à des simplifications qui s’éloignent légèrement du chemin escarpé de la vérité pour emprunter une route davantage balisée et susceptible de lui permettre de rejoindre le chemin dès qu’il se sentira prêt.
Contrairement au storyteller, l’enseignant n’a en effet pas pour seule mission de tenir ses élèves en haleine jusqu’à la fin de l’intrigue ; il doit aussi préparer le moment où il va leur lâcher la main et de préférence d’ailleurs sans attendre le générique de fin du programme…
Les exemples du pomelo et de la suite de lettres sont développés par Chip HEATH et Dan HEATH dans leur ouvrage Made to Stick (2010). Ils ont été adaptés pour cet article à une réflexion centrée sur des problématiques éducatives.
Il n’est pas toujours facile de distinguer l’outil du gadget, notamment dans le domaine du numérique éducatif. Chaque année, de nouvelles applications et de nouveaux matériels apparaissent avec la prétention de révolutionner l’éducation. Beaucoup terminent pourtant dans les oubliettes des établissements scolaires et les placards des salles de classe.
La question mérite évidemment d’être posée pour la réalité virtuelle dont les géants du numérique vantent le potentiel depuis plusieurs années, sans toutefois parvenir pour le moment à développer des usages susceptibles de se déployer à grande échelle et d’atteindre ainsi un seuil permettant de rentabiliser les investissements gigantesques autour de cette nouvelle technologie.
Jon Spike, coordinateur des services d’intégration des technologies éducatives à l’université de Wisconsin-Whitewater, propose quelques éléments de réponse à ces interrogations en mobilisant le modèle « Triple E » développé par le professeur Liz Kolb en 2011. Cette méthode a pour objectif d’évaluer l’adéquation entre un outil et des objectifs pédagogiques. Elle repose sur trois critères principaux :
Or, toujours selon Jon Spike, la réalité virtuelle offre des opportunités dans ces trois domaines.
Tout d’abord, l’un des principaux atouts de cette technologie est de proposer aux élèves une expérience en immersion qui favorise leur engagement sur le long terme, au-delà du simple intérêt lié à l’introduction d’une nouveauté.
C’est par exemple le cas avec une application comme « Keep Talking and Nobody Explodes » qui propose de développer les compétences de communication des élèves tout en travaillant les mathématiques, la logique, etc. Le principe est relativement simple : un élève est immergé dans une salle avec pour mission de désamorcer une bombe. Pour cela, il doit suivre les instructions de ses camarades qui n’ont pas accès à la salle mais à un manuel d’instructions dont ils doivent parvenir à transmettre efficacement le contenu afin de guider l’élève qui est bloqué dans la salle virtuelle.
Cette activité s’inscrit résolument dans la logique des escape games qui ont été très largement mobilisés par les enseignants depuis plusieurs années.
D’autres applications peuvent également être mobilisées dans le domaine éducatif pour renforcer les apprentissages des élèves et développer de nouvelles compétences :
Google Tour Creator permet par exemple aux élèves de créer et publier des visites guidées d’espaces géographiques ou bien de sites historiques qu’ils pourront présenter à l’ensemble de la classe au moment de la restitution ;
Virtual Speech donne la possibilité aux élèves de pratiquer leurs compétences orales dans des environnements virtuels tels qu’une salle de réunion pour un entretien d’embauche ou bien un amphithéâtre occupé par des centaines de spectateurs.
Ces aspects constituent d’ailleurs probablement l’un des principaux intérêts de la réalité virtuelle en contexte pédagogique. Contrairement à certains usages liés aux jeux, il ne s’agit pas tant de s’immerger dans un univers virtuel que de multiplier les liens avec le monde réel. Que ce soit pour préparer la visite d’un musée ou bien pour étudier l’architecture d’un bâtiment, les enseignants qui ont intégré la réalité virtuelle dans leurs pratiques pédagogiques se sont, comme souvent, réapproprié l’outil au service de leurs objectifs pédagogiques et de la réussite de leurs élèves !
Quoi de plus ennuyeux que les démonstrations de sécurité avant le décollage d’un avion ? Comme vous pouvez le constater dans la vidéo ci-dessous, les hôtesses de l’air font souvent preuve d’une patience à toute épreuve face à des passagers qui règlent leurs sièges, discutent ou bien sont déjà ostensiblement plongés dans leur lecture ou le visionnage d’une série sur leurs tablettes :
Face à cette situation, certaines compagnies aériennes tentent de jouer la carte de l’originalité. C’est notamment le cas d’Air France qui propose désormais sur certains de ces vols une vidéo travaillée avec quelques pointes d’humour et surtout beaucoup de mise en scène autour de l’image de marque de la compagnie française :
Si cette technique permet d’attirer l’attention des nouveaux passagers n’ayant pas voyagé sur un vol Air France depuis longtemps, les habitués retournent quant à eux très rapidement à leurs occupations respectives.
Seuls l’originalité d’un steward ou l’humour d’une hôtesse de l’air parviennent parfois à sortir les passagers de leur torpeur :
Cette stratégie est bien connue des scénaristes de séries qui ont pour mission de maintenir en haleine les spectateurs sur plusieurs heures, chaque fin d’épisode constituant un risque de perdre quelques parts d’audience. Afin d’éviter cet écueil, ils terminent souvent leurs épisodes sur un retournement de situation plus ou moins rocambolesque qui laisse le spectateur dans l’expectative. Parmi les exemples les plus connus figurent l’épisode « Les pluies de Castamere » dans la série Game of Thrones au cours duquel les personnages les plus emblématiques de l’intrigue disparaissent de manière brutale et sans que l’on puisse l’anticiper.
Quels sont les ressorts de cette stratégie du storytelling ?
N’avez-vous jamais changé de parfum car vous aviez l’impression qu’il avait perdu de sa fragance ? N’avez-vous jamais eu l’impression de découvrir l’existence d’un arbre sur la route que vous empruntez quotidiennement le jour où il a été coupé ?
Ces éléments témoignent d’un aspect important de notre cerveau qui est conçu pour être attentif aux changements. Une modification, même minime, de notre routine, va nous interpeler et mobiliser notre intellect afin d’essayer de comprendre pourquoi notre esprit de déduction a failli.
Quelles sont les applications possible en contexte pédagogique ?
L’enseignant est régulièrement confronté à la situation de l’hôtesse de l’air essayant désespérément d’attirer l’attention de ses élèves. Soit ces derniers ont l’impression d’avoir entendu 50 fois le même cours sur la Seconde Guerre mondiale, soit ils sont blasés par la routine d’un enseignant de mathématiques qui utilise toujours la même méthode.
S’il n’est guère possible d’entretenir le suspens sur l’issue de la Seconde Guerre mondiale, ni même de créer un effet de surpris autour des fractions, certaines méthodes peuvent être adaptées afin d’introduire une forme d’inattendu dans les ressources et parcours pédagogiques :
Exemple 1 : Détruire une idée reçue
Nora EPHRON était une journaliste, romancière, scénariste, réalisatrice et productrice américaine ayant été nommée trois fois aux Oscars, notamment pour son travail sur les scénarios des films Quand Harry rencontre Sally et Nuits Blanches à Seattle. Elle a souvent raconté que son premier cours de journalisme avait été une étape essentielle dans sa formation. Son professeur avait en effet commencé l’année en demandant à ses étudiants de rédiger l’accroche d’un article sur un séminaire organisé la semaine suivante autour des nouvelles méthodes d’enseignement. Les journalistes en formation se sont donc executés en appliquant les règles communément attendues pour cet exercice qui consiste à résumer en quelques mots les principaux faits autour de cette information : thème de la formation, participants, lieux, etc.
Lors du cours suivant, le professeur s’est contenté de parcourir rapidement les travaux qui lui ont été rendus avant de les reposer sur son bureau et d’affirmer : « Personne n’est parvenu à trouver l’accroche permettant d’introduire cet article. La bonne réponse était : « Il n’y aura pas cours jeudi prochain ! ». Et maintenant, je vais vous apprendre comment ne pas passer à côté de l’essentiel dans vos prochains articles ».
D’un point de vue méthodologique, ce professeur a marqué des générations d’étudiants avec cet exercice relativement simple qui consiste à partir des présupposés des élèves pour mieux les détruire avant de reconstruire sur de nouvelles bases.
C’est une stratégie que j’utilise notamment en histoire et géographie lorsque je travaille avec les élèves sur la notion de puissance. La séance commence généralement par une activité au cours de laquelle je demande aux élèves d’établir la liste des dix plus grandes firmes multinationales au monde. Après un temps de réflexion individuelle, je leur propose d’établir une liste commune pour l’ensemble de la classe qui est projetée au tableau. A chaque fois, le résultat est sensiblement le même : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft (les fameuses GAFAM…), suivies de McDonald’s, Total, etc.
Lorsque la classe s’est globalement mise d’accord sur une liste, j’interviens pour apporter une correction :
Je précise tout d’abord, lorsqu’aucun élève n’a soulevé la question pendant l’activité, que cette liste aurait dû être précédée d’une précision quant à la définition des « plus grandes firmes multinationales » : doit-on prendre en considération leur chiffre d’affaire, leur bénéfice, le nombre d’employés, etc. ?
Je projette ensuite le dernier classement Fortune Global 500 établi par le magazine Fortune chaque année. Les élèves découvrent alors avec effarement qu’aucune des entreprises auxquelles ils ont pensées ne figurent dans le Top 10, mais aussi qu’ils n’ont jamais entendu parler de la moitié des entreprises qui dominent le classement.
L’activité introductive ci-dessus me permet dès lors de bénéficier de leur attention pour ce cours qui porte les caractéristiques de la puissance (économique, culturelle, industrielle…) et les stratégies mondiales des firmes multinationales (filiales, marques, etc.).
Cette stratégie ne peut cependant pas être utilisée avec toutes les classes et en toutes circonstances. La destruction d’une idée reçue peut en effet être accueillie de manière différente par certains élèves qui acceptent mal l’idée d’être mis en échec. C’est pourquoi il peut parfois être utile de mobiliser une autre stratégie un peu moins frontale.
Exemple 2 : L’engagement devant les pairs
Cette méthode a été mise en place à la fin des années 1990 à l’université d’Harvard par le professeur Eric Mazur. Elle s’inscrit dans le cadre de la Peer Instruction théorisée dans un ouvrage désormais disponible en français :
Le principe est relativement simple : le professeur Eric Mazur demande régulièrement à ses élèves de répondre publiquement à une question conceptuelle sous la forme d’un QCM. Non seulement les résultats de l’ensemble de la classe sont affichés et peuvent être commentés, permettant ainsi de constater que tout le monde n’est pas d’accord, mais certains étudiants sont également invités à justifier leurs choix et à confronter leurs arguments avant que le professeur ne reprenne la main et n’apporte la solution au problème à l’issue de son cours.
En mobilisant cette stratégie, l’enseignant intervient sur deux aspects importants de l’apprentissage :
D’abord, il limite le biais cognitif de l’excès de confiance qui conduit de nombreux élèves à commettre des erreurs et à manquer d’attention en raison d’une illusion sur leur propre jugement ;
Ensuite, il favorise un meilleur niveau d’engagement des élèves en introduisant une forme d’enjeu autour du sujet.
En somme, seul devant sa copie, l’élève peut être persuadé d’avoir raison tandis que la confrontation avec les réponses des autres élèves de la classe fera émerger le doute nécessaire à la gestation d’une réflexion.
Outils pratiques
Les différents sondages évoqués ci-dessus peuvent être réalisés en seulement quelques minutes avec Wooclap si vos élèves sont équipés de terminaux mobiles. Sinon, vous pouvez mobiliser Plickers qui vous permet d'obtenir le même résultat en fournissant simplement des QR code en papier à vos élèves.
Conclusion
L’effet de surprise utilisé par les plus grands scénaristes peut donc être utile pour permettre aux enseignants de repenser l’organisation de leurs ressources et scénarios pédagogiques, tout en gardant à l’esprit que cette stratégie ne peut pas se suffire à elle-même. Si la mobilisation d’une dose d’inattendu peut aider à capter l’attention des élèves, elle doit ensuite s’intégrer dans une séquence susceptible de soutenir la réflexion sur un temps plus long.
N’hésitez pas à me laisser en commentaire vos exemples d’activités mobilisant l’inattendu et l’effet de surprise afin de varier les exemples dans d’autres disciplines que l’histoire et la géographie.
“Il n’y a rien de plus puissant au monde qu’une bonne histoire” : c’est par cette mise en abîme que se termine la série Game of Thrones. En faisant prononcer cette phrase par l’un des personnages principaux, les auteurs de la série proposent non seulement un dénouement à l’intrigue politique autour du trône de fer, mais également une réflexion sur le succès qui a tenu en haleine des millions de fans pendant huit saisons.
Ces techniques de mise en récit sont aujourd’hui bien connues des scénaristes dont l’objectif est de maintenir les spectateurs le plus longtemps possible devant leurs écrans, des conseillers en communication qui essaient d’orienter le vote des électeurs pour tel candidat, mais aussi des publicitaires qui tentent d’influencer les consommateurs. A tel point qu’aujourd’hui, le storytelling est devenu un terme plutôt péjoratif en France, généralement désigné comme un outil de propagande au service d’une doctrine néolibérale et dont l’utilisateur est soupçonné de vouloir contrôler les esprits.
En tant qu’enseignants, on peut néanmoins se demander pourquoi un outil aussi puissant que le storytelling ne pourrait-il pas être mis au service de l’éducation afin de créer des situations d’apprentissage et des ressources éducatives susceptibles d’améliorer la concentration, la motivation et la mémorisation des élèves ? Soyons clair : les professeurs sont des professionnels de l’enseignement. Ils connaissent mieux que personne leur programmes, leurs publics et les méthodes les plus efficaces pour permettre à leurs élèves d’apprendre. Cependant, une réflexion sur la forme du message à transmettre pourrait leur permettre de gagner en efficacité et de proposer des supports adaptés.
Par ailleurs, si l’utilisation du storytelling est aussi importante dans le domaine des médias, de la communication et de la politique, l’une des missions de l’école ne devrait-elle pas être de s’emparer d’un tel sujet afin de contribuer à l’éducation du citoyen éclairé et doté d’outils de défense intellectuelle contre d’éventuelles tentatives de manipulation ?
Les articles listés ci-dessous ont pour ambition de vous donner quelques trucs et astuces permettant d’intégrer facilement les principes du storytelling dans vos situations d’apprentissage et ressources éducatives. Il ne s’agit en aucun cas de formules magiques et infaillibles, mais d’éléments qui ont fait leurs preuves dans différents secteurs et pour lesquels je vous propose des transpositions dans le domaine de l’éducation :
Ce concept a été développé par l’armée américaine dans les années 1980 pour répondre à l’un des défis rencontrés par tous les États-majors du monde : aucun plan ne résiste au contact avec l’ennemi.
Dans le domaine de l’éducation, cette maxime peut être reformulée de la sorte : aucun plan de cours ne résiste au contact avec les élèves.
Il ne s’agit évidemment pas de considérer les élèves comme des ennemis animés d’une féroce volonté de faire échouer votre enseignement, mais plutôt de considérer qu’aucune préparation théorique de fonctionne jamais comme on l’avait imaginée en pratique.
Afin d’éviter cet écueil, l’une des meilleures solutions consiste à :
identifier le cœur de l’idée que vous souhaitez transmettre à vos élèves avant de construire votre situation d’apprentissage ;
rappeler systématiquement cet objectif au-dessus de tous les documents de travail que vous pourrez produire au cours de votre préparation.
Cela peut sembler évident et pourtant cette règle simple est régulièrement bafouée dans les fiches-séquences et fiches-séances qui circulent sur certains sites académiques. Au fil de la préparation du cours, un professeur est régulièrement tenté d’intégrer tel document qu’il trouve particulièrement intéressant ou bien de développer tel aspect de la question qui devrait intéresser les élèves. Or, ce faisant, il s’éloigne de “l’intention du commandant” et risque de perdre de vue son objectif initial.
C’est pour cette raison qu’une séance de cours devrait toujours être organisée autour :
d’une problématique de cours simple et précise qui trouve une réponse dans la conclusion de la séance ;
d’un corpus limité à trois documents maximum ;
d’une seule compétence ciblée et identifiée dans les objectifs, y compris si d’autres compétences doivent être mobilisées durant la séance.
« L’intention du commandant » est un concept développé par Chip HEATH et Dan HEATH dans leur ouvrage Made to Stick (2010).
Cet article vous propose une synthèse des échanges :
Qu’est-ce que le storytelling numérique ?
Le storytelling n’est pas une nouveauté. C’est même probablement l’une des plus anciennes méthodes d’enseignement. Depuis des siècles, les éducateurs ont intégré des connaissances dans un récit pour faciliter l’apprentissage. La dimension numérique ne constitue aujourd’hui qu’une adaptation de techniques anciennes aux nouveaux contextes technologiques et documentaires du XXIe siècle.
L’un des principaux objectifs de cette réflexion autour du storytelling numérique vise à développer de nouvelles ressources susceptibles de susciter l’engagement des élèves qui, en tant que consommateurs réguliers de contenus numériques et interactifs, sont de plus en plus exigeants sur la qualité des ressources numériques scolaires qui leur sont proposées.
Quels sont les intérêts du storytelling numérique en éducation ?
En associant du texte, des images, de la vidéo, des sons, etc., le storytelling numérique permet de proposer une expérience d’apprentissage adaptée aux différents profils d’élèves.
La structure même du récit proposée dans ces ressources favorise un processus d’identification qui facilite la compréhension de phénomènes complexes et permet aux élèves de mieux contextualiser un événement, une découverte, etc.
Par ailleurs, de telles ressources contribuent à l’exercice de l’empathie nécessaire au processsus d’apprentissage et de construction intellectuelle de l’individu.
Enfin, en associant ces ressources aux potentialités offertes par l’intelligence artificielle, le storytelling permet de créer des ressources scolaires ludiques et flexibles, proposant des parcours d’apprentissage personnalisés en fonction des choix des élèves.
Comment réaliser une situation d’apprentissage intégrant du storytelling ?
Deux perspectives principales peuvent être envisagées :
L’enseignant construit une situation d’apprentissage autour d’un récit fourni clef-en-main afin de favoriser l’acquisition et la compréhension de connaissances ;
L’enseignant construit une situation d’apprentissage au cours de laquelle les élèves doivent créer ou compléter un récit. L’objectif n’est alors pas seulement d’accompagner l’acquisition de connaissances, mais aussi de développer des compétences telles que la créativité, l’analyse critique, la résolution de tâches complexes, etc.
Concrètement, il est possible de demander aux élèves de créer un récit mobilisant les connaissances acquises dans une séquence afin de valider la maîtrise des savoirs. Une autre possibilité consiste à proposer aux élèves de compléter un récit dont la structure a déjà été organisée par l’enseignant.
Quelles sont les principaux éléments d’un bon récit ?
Un ou plusieurs personnages…
… qui doivent relever des défis !
Une structure narrative simple et efficace
Des enjeux réels qui doivent susciter de l’émotion, de l’engagement et de la réflexion
L’élément le plus important demeure cependant le contenu. Tout récit doit reposer sur des connaissances solides et crédibles.
Quelques conseils pour commencer à créer vos premier récits
Commencez avec des récits simples et courts afin de vous lancer dans des structures narratives plus complexes ;
Construisez vos récits à partir d’éléments adaptés à vos élèves (ce qu’ils regardent, ce qu’ils écoutent, à quoi ils jouent…)
Construisez vos récits autour de personnages auxquels vos élèves pourront s’identifier ;
Soignez la qualité du contenu afin que les élèves aient vraiment conscience d’avoir acquis des connaissances avec cette ressource ;
Observez la réaction de vos élèves et adaptez ensuite vos récits à partir de leurs remarques constructives.
L’apprentissage de compétences liées à l’argumentation nécessite du temps et de l’investissement, tant de la part des élèves que des enseignants. Cet article a pour objectif de présenter une situation d’apprentissage permettant de ludifier la réalisation d’un exercice d’argumentation en associant à la fois une activité préparatoire à l’écrit et la réalisation d’une argumentation à l’oral.
Introduction
Dans un article publié en septembre 2018 sur The Conversation, Yann ROCHE se demande « Pourquoi les élèves n’en font pas plus que ce que demandent les profs ». A cette question, l’ingénieur-chercheur en pédagogie propose plusieurs pistes de réponses en rappelant que les élèves, comme le reste de la société, ont majoritairement un rapport utilitaire au savoir et qu’ils développent par conséquent un rapport stratégique aux études.
Ainsi, une étude menée par Saeed PAIVANDI, professeur en sciences de l’éducation, sur une cohorte d’étudiants montre que :
36 % déclarent travailler dans une perspective utilitariste pour obtenir des bonnes notes, réussir aux examens et s’assurer un bon avenir professionnel ;
34 % ont une approche « minimaliste » du travail et se contentent consciemment d’un minimum indispensable pour valider leur année ;
11 % sont « désimpliqués » ;
Et seulement 19 % « privilégient la compréhension et le sens », « s’approprient le savoir d’une manière personnalisée » et justifient leur implication par un « plaisir d’apprendre » non-stratégique.
Ce constat interroge l’efficacité des situations d’apprentissage proposées aux élèves et étudiants, notamment en histoire et géographie dont l’enseignement répond traditionnellement à trois finalités principales :
Une finalité civique qui vise à donner aux élèves les outils leur permettant de comprendre le monde social et politique dans lequel ils vivent et d’y exercer, le moment venu, leur responsabilité de citoyen doté d’un esprit critique ;
Une finalité intellectuelle qui invite les élèves à comprendre et mettre en perspective le monde dans lequel ils vivent dans le temps et dans l’espace, en adoptant notamment une démarche comparative ;
Une finalité culturelle qui consiste à fournir aux élèves un bagage / socle culturel commun censé être à l’origine d’un sentiment d’appartenance commune.
Or, on comprend au regard de la nature des examens et du principe de viabilité des connaissances que c’est sur ce dernier aspect culturel – souvent circonscrit à la question des programmes – que se focalisent toutes les attentions, aussi bien des élèves et de leurs parents, que de la société qui nourrit régulièrement de nombreux débats et polémiques sur la nature des questions, thématiques et repères à enseigner. Pourtant, les études les plus abouties sur ces questions (LANTHEAUME et LETOURNEAU, 2016) nous invitent à la plus grande modestie sur la place des professeurs d’histoire dans la construction d’une culture historique commune au regard de l’importance grandissante des films, BD, jeux vidéos, émissions de télévision, youtubeurs, etc.
C’est dans cette perspective que s’inscrit cette proposition d’activité révélatrice d’une démarche de « classe inversée » considérée non pas comme une méthode pédagogique organisant « le cours à la maison et les devoirs en classe », mais comme une adaptation des pratiques pédagogiques aux nouveaux contextes technologiques et documentaires qui transforment le rapport de nos sociétés aux savoirs. En somme, il s’agit de rappeler, en histoire-géographie comme dans d’autres disciplines, que les connaissances sont certes un élément essentiel du processus d’apprentissage mais qu’elles n’en constituent ni un préalable, ni l’unique finalité. Ainsi, les classes inversées contribuent à transformer le rapport des élèves au savoir afin de valoriser non plus seulement la mémorisation mais d’autres tâches cognitives et compétences transversales. Dans le cadre de l’enseignement de l’histoire, il s’agit notamment de proposer un rééquilibrage entre la finalité culturelle d’une part, et les finalités civique et intellectuelle d’autre part.
Les objectifs pédagogiques pour les élèves
Développer des compétences liées à l’argumentation ;
Développer des compétences liées à la recherche d’informations en autonomie ;
Développer des compétences liées à la coopération et le travail en équipe ;
Développer des compétences liées à la maîtrise de l’oral.
Les objectifs pédagogiques pour les enseignants
Diversifier les situations d’apprentissage ;
Proposer des situations d’apprentissage ludiques et permettant de dédramatiser certains blocages liés à l’écriture ;
Proposer des situations d’apprentissage permettant de mettre en œuvre une différenciation simple et rapide ;
Proposer des situations d’apprentissage permettant à la fois de susciter une émulation / saine compétition entre les élèves, tout en favorisant le travail d’équipe, la coopération et l’évaluation par les pairs.
La phase de préparation
Les élèves sont invités à travailler sur un plan permettant de mettre en œuvre une argumentation en réponse à un sujet / une problématique.
Selon le niveau de classe et les objectifs pédagogiques, il est possible d’envisager différentes formes d’organisation de cette phase de préparation :
Cliquez sur l’image pour accéder et télécharger des exemples de fiches d’activité
La phase de mutualisation
C’est une étape très importante au cours de laquelle les élèves mettent en commun leur préparation et confrontent leurs idées.
Les élèves savent qu’ils vont devoir défendre collectivement leur argumentation et que la cohérence de l’équipe peut être un élément qui fera la différence. Ils travaillent donc souvent avec beaucoup de sérieux durant cette phase afin de choisir le meilleur exemple possible et s’assurer que chacun maîtrise le plan et la logique de l’argumentation.
Les équipes peuvent être imposées par l’enseignant afin de favoriser la mixité ou bien constituées de manière aléatoire à l’aide d’un outil comme KeamK.
Pendant la phase de mutualisation, l’enseignant complète sa feuille de match sans que les élèves ne sachent au préalable sur quelle partie ils vont être interrogés :
Cliquez sur l’image pour accéder et télécharger des exemples de fiches d’activité
La phase d’argumentation
Après quelques mots permettant d’introduire le sujet, l’enseignant dévoile les deux premières équipes qui vont s’affronter sur le modèle d’une battle de hip-hop ou bien de joute oratoire :
Il peut par exemple utiliser ce support de présentation qui permet d’organiser les temps de passage :
Pendant que les équipes se succèdent au tableau, afin d’éviter ceci pour le reste de la classe…
… vous pouvez adopter plusieurs stratégies :
Inviter les élèves à prendre en notes le plan qui se construit au fur et à mesure des battles afin de bénéficier d’un corrigé construit collectivement ;
Inviter les élèves à compléter une fiche d’évaluation à partir de critères discutés et adoptés collectivement au début de la séance ;
Prévenir les élèves que l’activité sera évaluée et qu’ils seront invités à reproduire le plan de composition à l’issue de la séance.
La phase de remédiation
A l’issue de chaque battle, la classe doit désigner l’équipe la plus convaincante en justifiant son choix sur des critères liés à la fois aux connaissances et à la méthode.
C’est un moment important au cours duquel les élèves progressent énormément en termes de méthodologie car ils discutent ensemble de la validité d’un exemple, ou bien de la finesse d’une transition par rapport à une autre. Très rapidement, les élèves se prennent au jeu et développent des capacités d’écoute et d’évaluation entre pairs.
Il est par ailleurs possible à ce moment de valoriser la note de certains élèves au regard de leur implication dans cette phase de remédiation et de la qualité de leurs remarques / conseils aux autres élèves.
Conclusion
Expérimentée et améliorée par mes élèves depuis trois années, cette activité bénéficie désormais d’un bilan globalement positif :
Elle favorise le travail d’équipe et la coopération entre élèves : très rapidement, les élèves comprennent que la participation de tous les membres du groupe à l’oral constitue un critère permettant de départager deux équipes. Les élèves les plus à l’aise avec l’argumentation ou ayant pris de l’avance dans la phase de préparation profitent de la phase de mutualisation pour faire progresser les élèves les plus en difficulté avec l’argumentation.
Elle encourage les élèves à approfondir les connaissances : dès la deuxième édition de cet exercice, certains élèves ne se contentent plus des connaissances fournies dans le tableau de préparation. Ils comprennent en effet que les connaissances complémentaires apportées leur permettront parfois de faire la différence lors des battles. Ils vont donc chercher les chiffres les plus récents en géographie ou bien l’exemple le plus original en histoire.
Elle favorise une écoute mutuelle et une co-construction des compétences : lors de la phrase de remédiation, les élèves doivent à la fois repérer les erreurs ou imprécisions dans les connaissances, mais aussi proposer des améliorations dans la mise en œuvre de la méthode.
Avoir compris les connaissances pour être en mesure de les mettre en œuvre à l’oral (dans la phase de préparation et de mutualisation)
Mobiliser la mémorisation active en se posant des questions (phase de mutualisation et de remédiation)
Répéter ces connaissances à intervalles expansés (3 fois, dont 2 à distance)
Développer ses capacités intentionnelles (dans la phase d’argumentation)
Bénéficier d’un feedback immédiat permettant de rectifier une éventuelle incompréhension et de profiter des bénéfices de l’erreur (phase de remédiation)
Cette formation a été proposée lors de la CLIJ (CLasse Inversée la Journée) et l’UNA (Université numérique d’automne) en 2018. Si vous souhaitez d’avantage d’information, n’hésitez pas à me contacter via Twitter ou par l’intermédiaire du formulaire de contact de ce blog.
Depuis quelques années, les applications en ligne permettant de créer facilement et rapidement des exerciseurs se multiplient. Elles ne présentent cependant pas toutes les mêmes fonctionnalités et l’une des difficultés consiste désormais à choisir le bon outil en fonction de ses objectifs pédagogiques et de son matériel. La série d’articles rassemblés dans la catégorie « Quiz et exerciseurs » a pour ambition de vous aider dans ce choix.
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Education & Numérique est un projet français, collaboratif, gratuit, open source, sous licence Creative Commons… soit autant de raison préliminaires de soutenir cet outil porté par une association !
Mais le principal intérêt de cet outil consiste à proposer la construction d’activités guidées en plusieurs étapes.
Il ne s’agit donc pas d’un outil à utiliser lorsque vous voulez simplement proposer un QCM à vos élèves (Learning Apps est alors beaucoup plus simple), mais d’un outil qui vous permet de proposer à vos élèves de véritables parcours d’apprentissage :
mobilisant plusieurs ressources,
nécessitant plusieurs types d’activités (QCM, QRM, textes à trou, etc.)
mettant en œuvre une progressivité avec des ressources mises à la disposition de l’élève au fur et à mesure de son avancement.
Points forts
Gratuit
Un catalogue bien organisé permettant de trier les activités par discipline et par niveau, mais aussi de rechercher des activités par mots-clefs.
Une interface ergonomique et sans fioriture lors de la publication des activités.
Les activités peuvent intégrer de très nombreux médias (pièces-jointes, images, vidéos, sons…)
La possibilité de créer rapidement un parcours d’apprentissage simple.
Points faibles
Les types d’activités sont limités (QCM (une seule réponse possible), QRM (plusieurs réponses possibles), textes à trous, et « glisser-déposer ».
Une interface d’édition un peu complexe, pas toujours intuitive, qui demande de consulter les tutoriels lors de la prise en main.
Il n’est actuellement pas possible d’obtenir les résultats des élèves afin de les exploiter.
Une série de tutoriels a été créé pour expliquer la création de chaque type d’activité est également disponible dans le catalogue d’Éducation & Numérique.
Inversons la Classe ! est une association qui a pour but de favoriser la réussite de tous les élèves au travers de la pratique de la Classe Inversée. Elle est notamment à l’initiative de la première semaine de la classe inversée (#CLISE2016), mais aussi du premier congrès francophone de la classe inversée (CLIC) qui se tiendra à Paris au mois de juillet 2016.
La méthode pédagogique qu’elle promeut a été reconnue comme un dispositif innovant pouvant aider les équipes éducatives à mieux répondre aux défis de leurs métiers. C’est pourquoi cette association a été sélectionnée parmi les projets finalistes de La France s’engage qui vise à reconnaître et soutenir les actions ayant fait leurs preuves et pouvant bénéficier d’un soutien de l’Etat pour poursuivre leurs missions.
Pour bénéficier de ce label et ainsi poursuivre le développement de la classe inversée au plus près des enseignants, l’association a besoin de votre soutien. Aujourd’hui, vous pouvez l’aider en votant sur Inversonslaclasse.fr jusqu’au vendredi 16 juin 2016 à 25h59.