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Quels sont les apports du storytelling en éducation ?

Genially et Wakelet ont organisé leur premier webinaire commun sur le thème « Storytelling in Education » le 15 janvier 2020.

La discussion était animée par Misbah Gedal et Brenna O’Neill. La présentation était assurée par Mario et Alberto Herraez-Velasquez.

Cet article vous propose une synthèse des échanges :

Qu’est-ce que le storytelling numérique ?

Le storytelling n’est pas une nouveauté. C’est même probablement l’une des plus anciennes méthodes d’enseignement. Depuis des siècles, les éducateurs ont intégré des connaissances dans un récit pour faciliter l’apprentissage. La dimension numérique ne constitue aujourd’hui qu’une adaptation de techniques anciennes aux nouveaux contextes technologiques et documentaires du XXIe siècle. 

L’un des principaux objectifs de cette réflexion autour du storytelling numérique vise à développer de nouvelles ressources susceptibles de susciter l’engagement des élèves qui, en tant que consommateurs réguliers de contenus numériques et interactifs, sont de plus en plus exigeants sur la qualité des ressources numériques scolaires qui leur sont proposées.

Quels sont les intérêts du storytelling numérique en éducation ?

En associant du texte, des images, de la vidéo, des sons, etc., le storytelling numérique permet de proposer une expérience d’apprentissage adaptée aux différents profils d’élèves.

La structure même du récit proposée dans ces ressources favorise un processus d’identification qui facilite la compréhension de phénomènes complexes et permet aux élèves de mieux contextualiser un événement, une découverte, etc.

Par ailleurs, de telles ressources contribuent à l’exercice de l’empathie nécessaire au processsus d’apprentissage et de construction intellectuelle de l’individu.

Enfin, en associant ces ressources aux potentialités offertes par l’intelligence artificielle, le storytelling permet de créer des ressources scolaires ludiques et flexibles, proposant des parcours d’apprentissage personnalisés en fonction des choix des élèves.

Comment réaliser une situation d’apprentissage intégrant du storytelling ?

Deux perspectives principales peuvent être envisagées :

  1. L’enseignant construit une situation d’apprentissage autour d’un récit fourni clef-en-main afin de favoriser l’acquisition et la compréhension de connaissances ;
  2. L’enseignant construit une situation d’apprentissage au cours de laquelle les élèves doivent créer ou compléter un récit. L’objectif n’est alors pas seulement d’accompagner l’acquisition de connaissances, mais aussi de développer des compétences telles que la créativité, l’analyse critique, la résolution de tâches complexes, etc.

Concrètement, il est possible de demander aux élèves de créer un récit mobilisant les connaissances acquises dans une séquence afin de valider la maîtrise des savoirs. Une autre possibilité consiste à proposer aux élèves de compléter un récit dont la structure a déjà été organisée par l’enseignant.

Quelles sont les principaux éléments d’un bon récit ?

  • Un ou plusieurs personnages…
  • … qui doivent relever des défis !
  • Une structure narrative simple et efficace
  • Des enjeux réels qui doivent susciter de l’émotion, de l’engagement et de la réflexion

L’élément le plus important demeure cependant le contenu. Tout récit doit reposer sur des connaissances solides et crédibles.

Quelques conseils pour commencer à créer vos premier récits

  • Commencez avec des récits simples et courts afin de vous lancer dans des structures narratives plus complexes ;
  • Construisez vos récits à partir d’éléments adaptés à vos élèves (ce qu’ils regardent, ce qu’ils écoutent, à quoi ils jouent…)
  • Construisez vos récits autour de personnages auxquels vos élèves pourront s’identifier ;
  • Soignez la qualité du contenu afin que les élèves aient vraiment conscience d’avoir acquis des connaissances avec cette ressource ;
  • Observez la réaction de vos élèves et adaptez ensuite vos récits à partir de leurs remarques constructives.
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Inauguration de la foire aux ressources numériques éducatives

Début novembre 2015, la ministre de l’Education nationale a fait des annonces importantes dans le journal Les Echos à propos des ressources numériques qui doivent accompagner la réforme du collège et la mise en oeuvre des nouveaux programmes.

Foire aux ressources numériques

Selon Najat Valaud-Blekacem, les enseignants disposeront à la rentrée 2016 d’une « banque de ressources disciplinaires » et d’« applications mobiles » pour mettre en oeuvre les nouveaux programmes scolaires. Par ailleurs, ils pourront dans le cadre de leur liberté pédagogique bénéficier d’une dotation calculée sur le nombre d’élèves pour acheter d’autres ressources numériques. Enfin, des ressources venant de grands établissements culturels et scientifiques, mais également « des ressources de soutien scolaire« , enrichiront l’offre numérique et seront mises à disposition des enseignants et des familles sur un portail dès la rentrée scolaire.

Face à cette farandole d’annonces, les chiffres partent dans tous les sens et finissent par donner le tournis : 1 milliard d’euros pour le numérique à l’école, dont seulement 192 millions en 2016, pour une montée en puissance envisagée en 2017 et 2018 (soit après les élections présidentielles et législatives… sous condition bien entendu d’être encore au pouvoir et de bénéficier d’un contexte économique favorable). Concernant plus précisément les ressources numériques, 3 millions d’euros sont prévus pour les applications mobiles, 14 millions pour les collèges du plan numérique, 30 euros par élève et par an pour d’autres ressources, et 13 millions pour soutenir la filière e-éducation.

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Un financement obscur

Le problème avec tous ces chiffres, c’est que l’on ne précise évidemment jamais vraiment s’ils valent pour une année ou pour plusieurs, ni s’ils sont cumulatifs ou imbriqués les uns dans les autres. L’objectif étant avant tout de faire rêver les industriels, les éditeurs, les parents, voire quelques profs, en espérant que personne ne sorte sa calculette pour faire le tri et les comptes.

Ce n’est pas le cas du président de l’Association française des industriels du numérique de l’éducation et de la formation (Afinef) Hervé Barredon qui, dans ce qu’il convient désormais d’appeler un tsunami numérique, nage à contre-courant et regrette la modestie de l’enveloppe budgétaire consacrée aux ressources numériques au regard des manuels papier dont le renouvellement est censé engloutir 150 millions d’euros. Dès lors, les annonces du ministère deviennent plus confuses : les 150 millions d’euros ne seraient pas réservés à la seule édition des manuels papiers, de nouveaux appels à projet devraient être lancés (quand ? pourquoi ?) et l’enveloppe totale consacrée aux ressources numériques serait en fait de 40 millions d’euros ! Le ministère rappelle en effet qu’aux 18 millions consacrés aux ressources numériques, il faut ajouter les 3 millions sur les applications mobiles, les 5 millions pour les ressources issues de grands établissements culturels et scientifiques, mais aussi 14 millions pour l’achat de ressources complémentaires.

Mais là encore, la cohérences des chiffres interroge puisqu’il a été promis 30 euros par an et par élève en ressources numériques complémentaires, ce qui représente un budget total de 300 millions d’euros pour les plus de 10 millions d’élèves scolarisés à l’école et au collège (les lycéens étant exclus pour le moment de ces promesses mirobolantes). J’ai beau refaire le calcul dans tous les sens, je ne parviens pas à comprendre comment le ministère parvient à 14 millions en multipliant 30 par 10 millions…

Et encore de nombreuses interrogations

Il n’y a d’ailleurs pas que sur la question budgétaire que la réaction des éditeurs recueillie par Marie-Christine Corbier est pour le moins réservée. D’autres questions lancinantes sont en suspens concernant les délais, l’organisation et la qualité des ressources proposées.

Les éditeurs ont en effet jusqu’au 4 décembre pour candidater à un appel d’offre dont les résultats seront connus fin janvier 2016. Ils sont donc censés ensuite produire des ressources pour les classes de CM1 jusqu’aux classes de Troisième (soit 6 niveaux de classe…) en seulement quelques semaines afin de les présenter aux enseignants en juin et de les rendre utilisables en septembre 2016. Bien que le ministère argue de discussions anciennes avec les éditeurs en réponse aux accusations de l’opposition qui crie à l’impréparation et à la précipitation, il est tout de même assez illusoire d’imaginer que des sociétés privées aient investi des moyens gigantesques par anticipation d’un appel d’offre que même Hervé Borredon, en sa qualité de président de l’association française des industriel du numérique de l’éducation et de la formation supposé bien informé, déclarait craindre « qu’il ne sorte pas« …

Par ailleurs, les expériences récentes dans le domaine des ressources numériques ont de quoi laisser songeur quand on apprend que le ministère de la Culture a officiellement lancé sans s’en rendre compte en octobre 2015 une plateforme d’images d’art qui existe déjà depuis plus d’un an dans une version plus riche, plus précise et plus pratique.

Qu’en sera-t-il de ce nouveau portail promis aux enseignants, aux élèves et à leurs parents à la rentrée 2016 alors qu’il existe déjà depuis quelques années un portail appelé éduthèque dont les potentialités sont encore loin d’être totalement exploitées ?

Qu’en sera-t-il également du lycée qui est pour le moment complètement délaissé par la réforme et ce plan numérique… mais qui devra pourtant accueillir très rapidement les élèves qui sortiront des collèges devenus numériques et connectés ?

Quel avenir enfin pour un établissement public national tel que le CNED lorsqu’il est annoncé que « des ressources de soutien scolaire » seront proposées gratuitement en ligne par l’éducation nationale ? Cela signifie-t-il que le gouvernement a décidé d’attaquer frontalement les dizaines d’entreprises de soutien scolaire privées qui se multiplient sur le territoire national ?

Vers une synergie des talents ?

En juillet 2014, nous avions déjà publié un appel à la modernisation des ressources scolaires sur le site de la PEPS. Depuis, force est de constater que l’offre s’est largement étoffée.

Les éditions Magnard ont par exemple accepté de suivre le pari d’un renouvellement du modèle économique dont j’esquissais alors les grandes lignes. Depuis la rentrée 2015, le nouveau manuel de Seconde en histoire et géographie propose des ressources numériques qui ne sont plus supplémentaires, mais bien complémentaires du manuel papier, constituant ainsi un produit d’appel de qualité, disponible facilement et gratuitement en ligne.

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La société Pythagora poursuit également son développement en proposant régulièrement de nouvelles ressources convaincantes et novatrices dans l’attente du marché numérique à venir qui devrait lui permettre de poursuivre la production de nouvelles séries adaptées aux nouveaux programmes scolaires.

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Mais c’est aussi le cas du site Les Bons Profs qui associe des ressources gratuites très utiles à une offre de soutien scolaire payante en ligne ; ou encore du site Afterclasse développé par LeLivreScolaire.fr dont l’application mobile a été plébiscitée par les élèves l’année dernière.

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Il faut également rendre hommage aux centaines de talents individuels chez les enseignants qui produisent de manière artisanale des milliers de ressources numériques adaptées aux attentes de leurs élèves et dont le travail mériterait d’être recensé et valorisé par l’institution.

L’idéal serait peut-être finalement de prendre un peu le temps de réfléchir aux synergies qui pourraient naître de la rencontre de tous ces acteurs qui possèdent respectivement une partie de la solution pour le projet numérique de demain…