L’utilisation du QCM est-elle un problème ?

Beaucoup d’enseignants français sont encore opposés à l’utilisation du QCM considéré comme contradictoire avec les attentes du système éducatif. On estime en effet que l’une des priorités de l’école française consiste à entraîner nos élèves à lire et écrire pour être ensuite eux-mêmes en mesure de développer un raisonnement construit, ce que les cases à cocher ne permettraient pas. Rien n’est moins sûr à partir du moment où l’on commence à réfléchir sur cet outil afin de l’utiliser à bon escient.

La présentation ci-dessous de Marcel Lebrun et Gwénaëlle Le Mauff fournit quelques éléments de réflexion dont nous proposons une synthèse et des adaptations dans le cadre de la pédagogie participative et sociale :

Blackboard-Brooch

Quels sont les avantages ?

  • L’objectivité : la pratique du QCM supprime les biais de l’évaluation.
  • La rapidité : certains outils disponibles sur Internet permettent désormais de créer gratuitement un QCM en seulement quelques minutes et de corriger des questionnaires en temps réel. Le gain de temps pour l’enseignant se chiffre en centaines d’heures par année.
  • Le diagnostic : certains outils d’évaluation par QCM permettent désormais aux correcteurs de recevoir des statistiques de réussite de ses élèves par question. Il devient dès lors possible de cibler rapidement les points nécessitant une remédiation.
  • La diversité des QCM : chaque exercice permettant d’évaluer une compétence particulière (vrai ou faux, questionnaire à choix unique, questionnaire à choix multiple, questionnaire processus, questionnaire à appariements, questionnaire d’ordonnancement, phrases à compléter etc.)

Blackboard-Brooch

Quels sont les inconvénients ?

  • Le risque de fraude : bien que la plupart des outils disponibles propose un classement aléatoire des réponses, voire des questions, il est difficile d’empêcher les élèves d’avoir parfois le regard porté sur l’écran du voisin.
  • La tentation du détail : au moment de la réalisation des QCM, l’enseignant peut être tenté de poser les questions sur des éléments précis de la leçon (date, formule, etc.) plutôt que de valider la compréhension globale du cours.
  • Le hasard : lorsque quatre solutions possibles sont proposées, il peut arriver qu’un élève ait parfois de la chance et réponde correctement par hasard. Un nombre suffisant de questions (au minimum 10) permet d’éviter cet écueil.
  • Les limites intrinsèques de l’outil : le QCM permet d’évaluer l’acquisition de connaissances, la compréhension d’une leçon, l’analyse d’un document, voire l’ordonnancement d’idées, mais il ne permet pas d’évaluer la rédaction, l’esprit de synthèse, l’invention de solutions nouvelles, etc. C’est un outil parmi d’autres.

Blackboard-Brooch

Quelle utilisation dans le cadre de la pédagogie participative et sociale ?

  • Règle n° 1 : Le QCM ne saurait être un mode d’évaluation exclusif. Il peut cependant s’intégrer en complément d’autres modes d’évaluation écrits et oraux. Les QCM peuvent en revanche être autant utilisés dans le cadre d’une évaluation diagnostique, formative, ou bien sommative.
  • Règle n° 2 : La consigne de l’exercice d’être claire (type d’exercice, choix unique ou multiple, etc.) et le barème doit être indiqué (pénalité en cas d’absence de réponse ou bien de réponse fausse ?).
  • Règle n° 3 : Il est possible de proposer aux élèves des QCM de préparation permettant de les accompagner dans leurs révisions en fléchant les éléments essentiels à retenir. Assez rapidement, les élèves peuvent aussi proposer leur propre QCM de révision à mutualiser avec l’ensemble de la classe.

En somme, l’utilisation du QCM ne vise pas seulement à évaluer l’élève, mais aussi à l’accompagner dans son apprentissage, à le rassurer en lui proposant des outils d’entraînement,  et à l’encourager à travailler en équipe en mutualisant les outils de révision.

Blackboard-Brooch

Des propositions d’outils

  1. EvalQCM : facile à utiliser, il vous permet d’inscrire en quelques minutes vos élèves par classe. Ces derniers se verront alors attribuér des QCM pour un temps d’évaluation bien défini. À l’issue de l’évaluation, ils reçoivent directement leur note et peuvent consulter la correction. L’enseignant reçoit de son côté un fichier Excel avec les notes de ses élèves et les statistiques de réussite à chaque question. Hélas, il n’est pas possible de stocker plus de 20 QCM en ligne et les types d’exercices sont assez limités.
  2. Claroline : permet de dépasser les limites du précédent outil, mais nécessite un téléchargement qui n’est pas toujours possible dans les établissements.

5 commentaires sur « L’utilisation du QCM est-elle un problème ? »

  1. Je pense que le QCM n’a rien de pédagogique. Le problème n’est pas de savoir mais de comprendre. Ma petite fille de 12 ans sait faire un circuit électrique de type va et vient et sait faire la différence entre courant continu et un courant dit alternatif et a eu 3/20 à son QCM! Cherchez l’erreur! 5 Je pense savoir pourquoi mais j’attens d’abord une explication)

    1. Bonjour. Je peux difficilement me prononcer sur un QCM auquel je n’ai pas accès, mais il me semble que vous pourrez trouver dans cet article des éléments susceptibles de vous montrer :
      1. Que le QCM ne peut pas tout, mais qu’il s’agit d’un outil d’évaluation parmi d’autres, avec ses atouts et ses limites ;
      2. Que le QCM ne doit pas être incriminé par principe. Il nécessite tout simplement d’être réfléchi en lien avec ses objectifs pédagogiques comme tout autre dispositif.

      1. Monsieur
        Merci de votre réponse…académique. Tout d’abord ma petite fille a une part de responsabilité en répondant trop vite sans penser à un qcm. Mais il ne vous a pas échappé que nous sommes au début de l’année et que le qcm portait sur la leçon apprise. Pire, ce qcm a été corrigé par l’ordinateur ! Si le prof avait fait lui-même la correction, il se serait aperçu de l’erreur de l’élève et, même en notant sévèrement, aurait surement fait un commentaire expliquant à l’élève sa méprise. Rien juste une note brute délivrée par une machine qui, par exemple, donnerait comme bonne réponse : « Un objet pédagogique rebondissant » et comme faux « un ballon » (Une machine est bête, elle n’interprète pas !)
        Cette situation est grave. On comprend pourquoi les enfants d’enseignants réussissent mieux que la majorité des autres élèves. Ils ont tout simplement les codes pour réussir. Mais que dire de l’enfant d’une aide-soignante et d’un manutentionnaire qui, fatigués par leur journée de travail et n’ayant pas les codes ? L’enfant va tout simplement décrocher. C’est ça l’école de la République ?
        Cordialement

      2. Encore une fois, je m’abstiendrai de porter un jugement sur un QCM et un dispositif pédagogique que je ne connais pas.
        Je me permets cependant de vous préciser que dans ma pratique personnelle, les résultats fournis par « la machine » permettent au contraire d’améliorer la remédiation proposée aux élèves. En effet, les résultats individuels et collectifs permettent d’identifier avec précision les difficultés rencontrées afin d’adapter ensuite le cours, la correction et les activités proposées aux élèves.
        La « machine » n’est utilisée que comme un outil au service de l’enseignant.

Laisser un commentaire